Togo : Le Mouvement citoyen M66 appelle à une intervention internationale face à la crise politique
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New York, 22 septembre 2025 – Le Mouvement citoyen M66, en partenariat avec plusieurs organisations de la société civile et de la diaspora togolaise, a lancé un appel pressant à la communauté internationale. L’organisation dénonce une aggravation de la crise politique et des droits humains au Togo et réclame des mesures urgentes pour éviter un effondrement institutionnel.
Une « fraude constitutionnelle » dénoncée
Au cœur des inquiétudes, la nouvelle constitution adoptée le 19 avril 2024 et entrée en vigueur le 3 mai 2025. Ce texte, adopté sans consultation populaire, a transformé le Togo en régime parlementaire, supprimant l’élection présidentielle directe. Pour le M66, il s’agit d’une « fraude constitutionnelle » destinée à renforcer le pouvoir du parti au pouvoir, l’Union pour la République (UNIR), dirigé par Faure Gnassingbé.
Selon le mouvement, ce changement marque une étape supplémentaire dans le verrouillage du système politique et l’affaiblissement de la démocratie au Togo.
Des violations massives des droits humains
Le mémorandum publié par le M66 décrit une situation alarmante sur le plan des droits humains :
- arrestations et détentions arbitraires,
- actes de torture, y compris l’usage de « chaises électriques »,
- exécutions extrajudiciaires,
- répression brutale de manifestations pacifiques,
- manque d’indépendance judiciaire.
Plusieurs figures publiques sont citées parmi les victimes : l’ancienne ministre de la Défense Marguerite Essossimna Gnakade, l’artiste engagé Essowè Tchalla alias Aamron – interné de force en psychiatrie –, ou encore Abdoul Aziz Goma, prisonnier politique de longue date dont l’état de santé est jugé critique. Le cas de Jean Paul Oumolou, militant de la diaspora détenu depuis quatre ans, et les arrestations répétées de l’activiste Foly Satchivi sont également mentionnés.
Le M66 rappelle aussi la mort d’une dizaine de jeunes du mouvement « Tigre Révolution », dans des conditions encore non élucidées.
Libertés publiques sous pression
Le document souligne par ailleurs la restriction croissante des libertés publiques. La liberté de réunion est quasi inexistante, les médias indépendants sont censurés ou harcelés, et les ONG font face à des obstacles administratifs. Les coupures d’Internet sont devenues fréquentes lors de périodes de tensions politiques.
Le gouvernement est également accusé d’avoir légalisé une milice baptisée « Sentinelles du peuple », soupçonnée d’exactions contre des manifestants. Le recours à des logiciels espions comme Pegasus pour surveiller les opposants est aussi dénoncé.
Les revendications du M66
Face à cette situation, le mouvement formule quatre demandes principales :
- L’abrogation immédiate de la nouvelle constitution.
- La démission du président Faure Gnassingbé et de son gouvernement, jugés illégitimes.
- La libération sans condition de tous les prisonniers politiques.
- La mise en place d’une transition démocratique, avec une nouvelle constitution consensuelle, des réformes institutionnelles et électorales, ainsi qu’un processus de réconciliation nationale.
Un appel à la communauté internationale
Le M66 appelle différents acteurs internationaux à agir rapidement :
- Nations Unies : envoi d’une mission d’enquête indépendante et nomination d’un envoyé spécial pour le Togo.
- États membres : pressions diplomatiques et sanctions ciblées contre les responsables de violations.
- Pays voisins : accueil et protection des réfugiés fuyant la répression.
- Union africaine et CEDEAO : médiation et sanctions pour contraindre le gouvernement à respecter les droits fondamentaux.
- Communauté internationale : interdictions de voyage et gels d’avoirs visant les responsables de répression et de dérives autoritaires.
« Un choix décisif pour l’avenir »
Pour le M66, le statu quo est intenable. L’organisation avertit que la crise togolaise menace désormais la stabilité régionale et que seule une transition démocratique peut ramener la confiance et la paix sociale.
Le mouvement conclut en réaffirmant son engagement pour « un Togo démocratique, stable et prospère, où la voix de chaque citoyen est respectée ».