Togo : Paralysie du secteur bancaire par une grève historique de 72 heures
3 min read
Un mouvement social d'envergure nationale
Un mouvement social d’envergure nationale
Du 24 au 26 septembre 2025, le Togo connaît une grève générale sans précédent dans les secteurs bancaire et assurantiel. Les syndicats SYNBANK et SYNASSUR ont déclenché ce mouvement de protestation qui paralyse l’ensemble du système financier togolais, touchant toutes les banques, établissements financiers, compagnies d’assurances et sociétés de courtage du pays.
L’étincelle : les licenciements massifs chez SUNU Bank
Cette grève fait suite aux licenciements massifs annoncés par SUNU Bank Togo pour « motif économique ». La direction générale de cette institution financière a surpris son personnel en remettant à chacun une lettre de licenciement, déclenchant une vague d’indignation. « Personne n’a voulu recevoir la lettre, personne n’a signé, tout le monde a refusé », confie une source interne à la banque.
Cette situation révèle les tensions croissantes dans le secteur bancaire togolais, où les employés dénoncent des conditions de travail précaires et des restructurations brutales.
Des revendications multiples
Au-delà du cas SUNU Bank, les syndicats portent des revendications plus larges concernant :
- La mise en place d’une politique de rémunération équitable dans toutes les institutions
- L’amélioration des conditions de travail
- Le respect des conventions collectives
- La protection contre les licenciements abusifs
La majorité de ces points ont fait l’objet de discussions avec la Direction Générale du Travail, mais selon les syndicats, aucune suite favorable n’a été donnée par les patronats.
Un impact économique majeur
Cette grève paralyse l’économie togolaise, privant citoyens et entreprises d’accès aux services bancaires essentiels. Les distributeurs automatiques sont vides, les virements impossibles, et les entreprises peinent à honorer leurs obligations financières.
Le gouvernement togolais, confronté à cette crise sociale, semble avoir choisi son camp en soutenant implicitement les directions d’établissements, notamment SUNU Bank, selon les syndicats.
Le soutien des centrales syndicales
Les employés licenciés reçoivent le soutien des sept centrales syndicales du Togo, qui dénoncent « l’attitude subversive des dirigeants de SUNU BANK ». Cette solidarité intersectorielle témoigne de l’ampleur du mécontentement social dans le pays.
Un contexte politique tendu
Cette crise sociale intervient dans un contexte politique particulièrement tendu au Togo, où le gouvernement fait face à une contestation croissante depuis l’adoption de la nouvelle Constitution en 2025. Les manifestations récurrentes et les arrestations d’opposants ont créé un climat de défiance généralisée.
La grève bancaire s’inscrit ainsi dans un mouvement plus large de remise en cause du pouvoir en place, touchant désormais les secteurs économiques stratégiques du pays.
Perspectives d’évolution
Alors que la grève entre dans sa phase finale, les négociations entre syndicats, patronats et gouvernement restent au point mort. L’issue de ce conflit pourrait marquer un tournant dans les relations sociales au Togo et influencer d’autres secteurs économiques tentés par des mouvements similaires.
Cette crise révèle les fragilités d’une économie togolaise en mutation, où les tensions sociales s’exacerbent face aux défis de la modernisation et de la compétitivité internationale.