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Togo-Education : Cris d’alarme des enseignants catholiques.

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Le milieu de l’enseignement Catholique risque de connaitre, dans les prochains mois, des jours assez mouvementés qui pourraient saper le moral des élèves et surtout écorner l’image de marque qu’ont la plupart de ces écoles.

Alors que les enseignants de la plupart des écoles catholiques tirent déjà le diable par la queue et s’en sortent difficilement, en raison de leur grille salariale dérisoire, une autre décision a été prise et tout serait mis en œuvre pour leur donner le coup fatal. Dans une décision en date du 1er février 2021, N°28 /2021/DNEC portant fixation et application de la grille salariale nationale dans le secondaire 1er et 2ème cycle, la direction nationale de l’enseignement catholique du Togo dirigée par le Père Pierre Marie Channel Afognon change la grille salariale du personnel de l’enseignement catholique du Togo. Cette nouvelle décision revoit fortement à la baisse le salaire de la plupart des enseignants catholiques qui se plient déjà en 4 pour survivre jusqu’à la fin du mois. Cette situation pose le problème de la gestion hasardeuse et calamiteuse de la gestion des écoles catholiques du Togo. La plupart des enseignants reçoivent des salaires dérisoires et vivent dans des conditions difficiles.

Ce que dit la grille de 1990

En effet, avant cette nouvelle décision qui risque de faire des vagues dans les prochains mois et saper l’éducation tant enviée des écoles catholiques, les enseignants étaient sous le régime de la grille du 31 janvier 1990. Celle-ci en A1, c’est-à-dire que les enseignants nantis d’une licence, d’une maitrise et d’un doctorat d’enseignement débutaient par l’indice de 1300 équivalent à un salaire brut de 90.151frs. Ajouté aux subjections de 20%, l’enseignant titulaire se retrouvait avec un salaire net de 108.000frscfa. Tous les deux ans, il bénéficiait d’un avancement de 10.000frs poussière sur le brut ce qui porte le salaire net à 100.554frs, 110.956frs, 121.359FRS etc… . Les subjections de 20% aussi étaient appliquées au fur et à mesure que l’enseignant avançait.

En ce qui concerne les enseignants du collège, selon la grille salariale du 31 janvier 1990, le salaire brut de base, après titularisation est de 76,282frscfa, ce qui correspondait à un indice de 1100. Ajouté à la prime de sujection, c’est-à-dire 20% du salaire brut, l’enseignant s’en sort avec 91.539frs.

A propos du corps des instituteurs, une fois titularisés, ils ont un salaire brut de 52.010frs ce qui équivaut à un indice de 750. Ajouté à la prime de sujection, il a un salaire net de 62.412frs. Ce salaire brut connait aussi une hausse de moins de 10.000frs, tous les deux ans, à mesure que l’enseignant connait des avancements.

Les instituteurs adjoints ont un salaire de base de 38.140fcfa qui équivaut à un indice de 550. Ajouté à la prime de sujection, le salaire net est de 45.768fcfa. Tous les deux, ce salaire connait des avancements de moins de 5000fcfa.

C’est de façon résumée ce qui était prévue par la grille salariale de 1990 et c’est elle qui était en vigueur jusqu’au départ de Michel Perron, l’ancien directeur diocésain de l’enseignement catholique.

Après celui-ci, l’incompréhension, l’égoïsme et la malhonnêteté ont conduit à un éclatement de la gestion. La plupart des établissements sont devenus autonomes et ont pris en main la gestion de leur établissement et acquis une certaine liberté dans le traitement de leur personnel. Quoique sous la décision de 1990, certains enseignants surtout de l’intérieur sont considérés comme les parents pauvres de l’enseignement catholique.

Face aux pressions syndicales et aux mouvements d’humeurs des enseignants de Lomé réclamant une amélioration des conditions de vies et de travail, une autre grille avait été proposée par l’archidiocèse de Lomé. Celle-ci revoyait légèrement à la hausse les salaires des enseignants. Malheureusement, cette hausse n’a pas véritablement été effective. Contre toute attente, courant novembre 2020, le Père Pierre Marie Channel Afognon, directeur national de l’enseignement du Togo, proposa une autre grille salariale qui dit-on vise à « améliorer la situation salariale du personnel dans le secondaire catholique du Togo. Cette grille selon nos informations n’aurait pas été faite selon les règles de l’art, c’est-à-dire selon ce que prévoit la loi, en la matière.

Que dit cette décision ?

Cette nouvelle décision du 2 octobre 2020 qui est censé « améliorer la situation salariale du personnel dans le secondaire catholique du Togo stipule ce qui suit :

Niveau maitrise et master 2, le salaire de base est de 85.000frs alors qu’il était de 108.181fcfa dans la décision de 1990 et de 122.850FCFA dans celle de 2008 qui n’aurait jamais été appliqué.

Le niveau licence a un salaire de base de 70.000fcfa alors qu’il était aussi de 108.181fcfa dans la décision de 1990 et de 122.850FCFA dans celle de 2008, même si cette dernière n’a pas été appliquée par tous. Enfin le niveau baccalauréat a un salaire de base de 50000fcfa alors que la décision salariale de 1990 prévoyait un salaire de 62.412fcfa.

Contrairement aux décisions de 1990 et de 2008 où les salaires connaissaient tous les deux ans un avancement de 10000frs (A1 et A2) et moins de 7000frs (instituteurs) et moins de 5000frs (instituteurs adjoint), la grille de 2020, celle qui prévoit améliorer la grille salariale des enseignants catholiques du Togo prévoit des avancement automatiques chaque 4 ans et celui-ci est de 5000fcfa pour toutes les catégories, d’où le malaise !

Qu’est ce qui peut justifier la mise en vigeur d’une telle décision suicidaire qui vraisemblablement donnera un coup fatal à la plupart des enseignants catholiques du Togo ? Nous avons tenté à plusieurs reprises de joindre le directeur national de l’enseignement du Togo mais en vain. Néanmoins, selon une source proche de son entourage, il semblerait que cette nouvelle décision viserait à harmoniser les salaires des enseignants catholiques du Togo. Si l’idée en elle-même ne souffre d’aucune illégitimité, c’est sa pratique qui pose problème. Comment voudra t-on harmoniser, améliorer les conditions salariales en le diminuant ? Comment peut-on par exemple vouloir harmoniser les salaires en diminuant ce que prennent les enseignants des écoles catholiques de la capitale ou des grandes villes du Togo ? Les conditions de vies et de travail de la ville notamment Lomé la capitale et les autres grandes villes sont-elles identiques que celles des hameaux reculés de notre pays ? Cette nouvelle décision n’aura-t-il pas un impact négatif sur la qualité de l’enseignement de ces enseignants ? Que d’interrogations qui donnent à réfléchir.

Quid de l’éducation des élèves ?

Cette décision relative à la nouvelle grille salariale des enseignants catholiques du Togo à sans doute une conséquence directe sur la qualité de l’éducation donnée dans ses écoles. Un enseignant qui a faim ne peut que produire un résultat minable. Et c’est l’élève par ricochet le parent d’élève qui sortira perdant. D’où la nécessité pour les parents d’élèves des établissements catholiques de se saisir de cette affaire afin d’empêcher toute action comme celle-ci, c’est-à-dire la mise en vigeur de cette décision suicidaire qui nuirait à l’éducation et l’avenir des enfants. Ils ne peuvent pas débourser plus de 100.000 fcfa par enfant et ne pas lui garantir une éducation de qualité.

II est également du devoir de la conférence des évêques du Togo et de toutes les institutions dirigeantes de l’enseignement catholique du Togo de prévenir cette situation difficile pour les écoles catholiques du Togo au lieu de vouloir la guérir. Si harmonisation il doit y avoir, elle devra prendre en compte les réalités des enseignants selon que ceci sont dans les grandes villes ou dans la capitale. Dans le cas échéant, il faudra maintenir l’ancienne grille, le temps de voir la possibilité d’une nouvelle grille qui améliorerait véritablement les conditions de vies et de travail de tous les enseignants catholiques du Togo, sans distinction aucune.

Gerard Arouet

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