Alpha Blondy met en garde les politiciens aux obsèques de Hambak.
2 min read«Le feu», l’accapella d’Alpha Blondy que vous découvrirez dans cet article.
Ce que l’artiste engagé sait faire, c’est de saisir le bon moment pour faire passer son message. Ce mercredi 17 Mars dans le stade d’Ebimpé occupé par un public massif pour la cause de Hamed Bakayoko, des chanteurs aussi bien ivoiriens qu’étrangers, se sont succédés sur la scène.
Au cours de son passage, la mégastar du reggae, Alpha Blondy, a entonné une chanson de mise en garde alors que le ministre Mamadou Touré lui tenait compagnie, debout en même temps que lui, sur les projecteurs. “Madou, comme tu es un politicien, j’ai aussi un message pour toi”, lui a dit Jagger avant d’enchaîner dans un a cappella avec le titre “Le feu” :
« Vous jouez avec le feu
Vous jouez avec le feu
Vos querelles sempiternelles,
Font la louange de la géhenne
Avec vos querelles personnelles
Vous nous éclaboussez, de votre haine
Vaut mieux une fin effroyable
Qu’un effroi sans fin
Vous vous trompez de guerre
Parce que vous vous trompez d’adversaire
Et vous jouez avec le feu
Vous jouez avec le feu… »
Le ministre Mamadou Touré levait la main, pour chanter quelques bribes de mélodie avec Blondy, tandis que le public reprenait en chœur, fougueux, surchauffé :”vous jouez avec le feu…”
“Le feu”, un titre choisi à dessein par Jagger au moment où le paysage politique n’est pas complètement apaisé. En effet, depuis ces deux dernières décennies, les cœurs des ivoiriens semblent être devenus des réservoirs de haine et de vendetta. Alpha Blondy avait prévenu cette même classe politique en sortant “Le feu”, dans son album “Merci”, en Mars 2002. Six mois après, en Septembre, il eut vraiment le feu au pays, avec une rébellion armée qui scinda la Côte d’Ivoire en y laissant des écorchures, des blessures, des déchirures, des douleurs, pas encore guéries ni cicatrisées malgré l’écoulement des années. La plaie semble toujours béante.
Dix-neuf ans plus tard, “Le feu” paraît plus que jamais contemporain, d’actualité, d’où le choix d’Alpha Blondy dans l’interprétation de cet opus choisi dans son incommensurable et riche répertoire discographique. Et bizarrement, pendant qu’il chantait avec le ministre, des feux artificiels, un manège décoratif du stade, brûlaient de temps en temps au milieu du public et sur la scène, en forme d’anaconda, dans un mouvement vers le ciel.
L’artiste est la voix du peuple, dit-on. Les hommes politiques feraient bien de tenir compte de ce message formulé de Jagger afin d’anticiper pour éviter la déflagration.
Gerard Arouet